CHARLOTTE ET ARBI (QUESTIONS DE SOCIT)

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Résumé :	[extrait de l'article Charlotte et Arbi] Il y a trente ans, Toumi Djaïdja, un jeune du quartier des Minguettes à Vénissieux, se fait tirer dessus par un policier alors qu'il venait en aide à un enfant démuni face au chien de ce dernier. Sur son lit d'hôpital il décide de mettre en œuvre une action pacifique afin de lutter contre ces violences racistes, si présentes en France à l'époque. C'est donc le 15 octobre 1983, que lui et sa bande de potes partent de Marseille pour une longue marche vers l'égalité. Cette mobilisation militante a su conquérir les foules (ils étaient plus de 100 000 à Paris), néanmoins elle ne fût pas relayée par les médias et les politiques comme les marcheurs auraient pu l'espérer. Arbi Rezgui : En 1983 j'avais 18 ans et demi. Et l'atmosphère de 1983 c'était une atmosphère de racisme, de crimes racistes, de discrimination, une atmosphère de la guerre d'Algérie, une atmosphère horrible. Il ne faut pas oublier cette atmosphère dans laquelle on vivait nous les jeunes. Quand mon pote (Toumi Djaïdja) a ramassé une balle dans le ventre, ils sont venus nous voir et ils ont décidés de faire une marche. De traverser toute la France à pied. On était alors trente-deux marcheurs permanents et on a traversé toute la France. C'est là qu'on a vu que les Français, que la France n'est pas raciste. J'ai vu des Français de toutes les villes nous accueillir, nous donner à manger, nous donner des gants. Ils étaient là dans toutes les villes de France parce que c'était un mouvement apolitique, citoyen, citoyenne. Ca touchait tout le monde. Et on était tous là, on a levé le bras pour que la France nous accepte. Qu'ils arrêtent de nous discriminer. Stop ! Arrêtez de nous tirer dessus. Arrêter qu'on vive en parallèle dans ce pays d'égalité, de fraternité. Et on parcourt toute la France à pied, et on arrive à Paris le 3 décembre et… J'ai jamais vu autant de monde de ma vie. Ce jour était terrible, et ce jour là c'était la France. Et puis on a été pris par SOS Racisme et ils nous ont oublié pendant trente ans. Trente ans c'est quand même long. Un jeune sur dix connaît l'histoire de la Marche, alors que c'est une histoire commune, une histoire qui est rentrée dans l'Histoire de France. Et grâce au film, en parlant du film, c'est bien qu'ils aient fait un film qui parle aux jeunes, que les jeunes de moins de trente ans connaissent un peu cette histoire qui est dans l'histoire commune. Vous pensez que c'était nécessaire de le faire maintenant ? C'était nécessaire pour toute la France, de montrer qu'on n'est pas mort. On a été trente ans oubliés sans parler de tout ça. Et que maintenant en décembre 2013, il faut que ça s'arrête. Qu'ils arrêtent de nous discriminer, qu'ils arrêtent de nous prendre pour des indigènes. Parce qu'en France on a toujours eu cette discrimination coloniale, dans la rue, au travail. Discrimination dans la rue. À la fin de cette marche est ce que les médias vous ont donné là parole ? Où est ce que vous avez senti que d'autres ont volé votre parole et parlé à votre place ? Oui oui oui, il y a eu ce genre de personnes comme Julien Dray et Harlèm Désir. Ils nous ont pris. Ils ont parlé à notre place. Ils ont fait « touche pas à mon pote » avec la main, et ils nous ont oubliés pendant trente ans.
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modification :	2014-01-10 18:29:41 création : 2014-01-10 18:26:40

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